SOUVENIRS
publiés par son fils
Tout le monde se souvient de Frédérick Lemaître, jeune comédien du théâtre des Funambules, que fait revivre Pierre Brasseur devant la caméra de Marcel Carné dans Les Enfants du Paradis. Pour écrire le scénario du film, Jacques Prévert avait relu les Souvenirs du plus grand comédien de l’époque romantique, roi du « boulevard du Crime », vedette d’innombrables mélodrames oubliés mais aussi premier interprète d’Hamlet et d’Othello en français, auteur dramatique lui-même, et créateur de pièces qui marquèrent toute une époque comme Kean d’Alexandre Dumas, Ruy Blas et Lucrèce Borgia de Victor Hugo, Vautrin de Balzac.
Né avec le dix-neuvième siècle, mort en 1875, celui que les spectateurs et la critique appelaient « Frédérick » depuis ses premiers triomphes a rédigé ou dicté à son fils des mémoires que ce dernier, après la mort du grand acteur, se chargea de publier. Pour être fragmentaires, ces Souvenirs n’en sont pas moins passionnants à lire, et constituent un témoignage unique sur la vie littéraire et théâtrale du dix-neuvième siècle. Ils n’avaient encore jamais été réédités depuis leur parution en 1880. Comme nous l’avons déjà fait pour les livres de Sarah Bernhardt et de Charles Dullin, nous les restituons aujourd’hui aux lecteurs dans une édition soignée, accompagnée d’une galerie d’illustrations montrant les plus grands comédiens et comédiennes dont il est question au fil des pages, avec un index des auteurs et des œuvres évoquées
Ce texte qui fourmille d’anecdotes savoureuses, de bons mots, de confidences sur les grands auteurs que Frédérick Lemaître côtoya tous les jours, est beaucoup plus qu’un simple document. Il se lit comme le roman d’une vie et rend extraordinairement présente la personnalité d’un des plus grands acteurs français de tous les temps.
Frédérick Lemaître (1800-1875), fils d’un architecte du Havre, débuta au théâtre des Funambules à Paris. Au théâtre de l’Ambigu, le rôle de Robert-Macaire dans le mélodrame L’Auberge des Adrets, qu’il s’appropria et réécrivit entièrement, le rendit célèbre. Surnommé « le Talma des Boulevards » (du nom de François-Joseph Talma, le plus grand acteur de la Comédie-Française sous la Révolution et l’Empire), il fut adulé par tous les publics et particulièrement aimé du petit peuple parisien. Victor Hugo, dont il fut l’interprète privilégié, voyait en lui « le drame personnifié » et le qualifia d’« acteur de génie ».
Édition accompagnée d’un index et de trente-huit illustrations en noir et blanc.
LA CRITIQUE DE PHILIPPE BARTHELET DANS "VALEURS ACTUELLES" (4´MAI 2023)