L'ÂME ECHAPPEE
roman
EN LIBRAIRIE LE 22 OCTOBRE 2021
Ce bref roman est le mémorial d’une passion entre la narratrice et un homme avec lequel elle a entretenu une liaison qui a duré jusqu’à la mort de celui-ci, emporté par la maladie.
Restée seule, elle est certaine de l’avoir revu, trois ans après sa mort. Cette résurrection, à laquelle il n’est pas nécessaire que le lecteur croie lui aussi pour être profondément touché par ce livre, est au cœur du récit et fonde la quête initiatique de celle qui raconte et cherche à dire la vérité ultime d’un attachement que la mort n’a pu rompre.
Parce que cette expérience du lien préservé et renoué avec le disparu est aussi profondément charnelle que pétrie de ferveur religieuse, le langage dont elle s’inspire pour la décrire lui est avant tout fourni par les grands mystiques espagnols, Jean de la Croix et Thérèse d’Avila, dont le lexique fait appel à toutes les ressources de la poésie amoureuse pour dire le mystère de l’extase. Le livre fait ainsi parcourir au lecteur sept « demeures » successives, à l’image de celles décrites par Thérèse dans Le Château intérieur, parfois également appelé Le Château de l’âme, classique absolu de la littérature mystique.
C’est donc bien un « livre des demeures » qu’écrit ici à son tour Pia de Trecior, dans un style aussi incandescent que parfaitement maîtrisé, une prose dont la scansion peut évoquer, entre autres, celle de certains romans de Pierre Jean Jouve. Ce roman scintillant d’éclairs de vision, qui dans sa brièveté même, sitôt refermé, invite à la relecture, marque la naissance d’un véritable écrivain.
Pia de Trecior enseigne la littérature à l’université. Elle est traductrice de poésie et se passionne pour les questions de traduction. L’âme échappée est son premier texte de fiction.
Un premier roman d'une étrangeté absolue qui vient bousculer toutes les étiquettes, un objet littéraire échappant aux boîtes habituelles : ni roman véritablement, ni confession, ni récit de conversion ou odyssée spirituelle, mais un peu tout cela. Entre mémorial sobrement lyrique et poème mystique, entre hymne d'amour et ce qu'en littérature on nomme Tombeau : échange faussement dialogué entre un présent et un absent, une des formes que prend la méditation sur la mort et qui constitue, peu ou prou, la littérature.
PATRICK CORNEAU, Le Lorgnon mélancolique, 19 octobre 2021.