LETTRES SUR LA POÉSIE
(1935-1939)
CORRESPONDANCE AVEC DOROTHY WELLESLEY
en librairie le 8 juin 2018
En 1935, à soixante-dix ans, W. B. Yeats (1865-1939) est à l’apogée de sa célébrité. Prix Nobel de littérature en 1923, il est considéré comme un véritable monument
national dans son Irlande natale et comme l’un des maîtres incontestés de la langue anglaise. Cependant, alors que sa santé se dégrade et qu’il ne lui reste plus que quelques années à vivre, il n’a
pas devant lui un lent déclin mais un renouvellement extraordinaire de son génie créateur.
C’est cette vieillesse hors du commun qu’évoquent ces Lettres sur la poésie, restées jusqu’ici inédites en français. Elles ont été rassemblées par Dorothy Wellesley (1889-1956), l’amie et
correspondante privilégiée de cette période, qui saura accompagner et aider le poète dans le parcours aussi glorieux qu’insolite de ses dernières années.
« Mon imagination est entrée en effervescence, lui écrit Yeats dans une des premières lettres de cette correspondance. Si j’écris encore de la poésie cela ne ressemblera à rien de ce que j’ai
fait. » Les trois ans et demi qui vont suivre, vécus par le poète avec une intensité hors du commun, vont pleinement confirmer cette annonce.
Face à la vieillesse qui affaiblit son corps, Yeats entretient sans relâche l’ardeur intellectuelle qui l’habite, ne baisse les bras devant aucun des aspects de son époque qui l’indignent, utilise
son immense célébrité pour rester jusqu’au bout un acteur de son temps. « Ma poésie, écrit-il à Dorothy Wellesley, naît tout entière de la fureur ou de la luxure. » Seuls trouvent grâce à
ses yeux les créateurs qui, comme lui-même, refusent toute forme de passivité, dans leur œuvre comme dans leur vie.
Témoignage de premier plan sur l’intimité d’un grand poète, document précieux sur le processus de la création poétique, ce livre renferme surtout une extraordinaire leçon d’énergie.
Préface de Kathleen Raine. Avant-propos de Philippe Giraudon.
Traduit de l’anglais par Livane Pinet-Thélot
avec la collaboration de Jean-Yves Masson
"Le fil rouge de ces échanges, c'est un dernier tournant. (...) Plus que l'amitié, la création, la passion des mots, c'est la vieillesse comme regain de créativité. Yeats retrouve par moments une veine qui évoquerait presque celle du De Senectute de Cicéron où Caton l'Ancien soutient gravement que plus on est vieux, plus on est actif, attentif et productif. Mais Yeats n'a même pas besoin de le fiormuler. Aucune emphase. Cela se voit, se fait tout seul, si l'on peut dire. Le poète s'allège, le chant se dépouille, la création s'affirme avec plus de simplicité directe que dans le lyrisme de sa jeunesse..." ROGER-POL DROIT, Le Monde des livres, 21 juin 2018.
"Figure majeure des lettres d'irlande, Yeats semblait s'éloigner de nous. Cette correspondance autour du "secret professionnel" nous le montre dans son intransigeance et sa grandeur et nous rappelle sa place éminente dans la littérature européenne." CHARLES FICAT, Revue des Deux-Mondes, septembre 2018.
"Cette correspondance témoigne de l’extraordinaire énergie créatrice du poète qui ne cessera d’être occupé à mille travaux littéraires, jusqu’à son dernier souffle. Dans l’ultime lettre qu’il lui adresse, quelques jours avant sa mort, il lui écrit d’ailleurs, une fois encore : « Je ne fais qu’écrire de la poésie ».
CLAUDE GRIMAL, En attendant Nadeau (www.en-attendant-nadeau.fr), numéro 62 (15 sept. 2018)